L’énigmatique Paul Biya, “propriétaire absent” du Cameroun depuis quarante-deux ans

Aux commandes du pays depuis 1982, Paul Biya est à 92 ans le plus vieux dirigeant du monde. Retraçant le parcours de celui que l’on surnomme le “Sphinx”, le site “Africa Is a Country” brosse le portrait d’un président aussi discret qu’impitoyable, à “l’autorité quasi biblique”, qui a toujours manœuvré habilement pour se maintenir au pouvoir. Et pourrait briguer un énième mandat lors des élections d’octobre.
Pour comprendre le règne apparemment interminable de Paul Biya, il faut d’abord comprendre le Cameroun, ses voisins et le personnage lui-même. Après quarante ans de pouvoir sans partage, il demeure une figure énigmatique pour de nombreux Camerounais, y compris pour ses propres ministres – un observateur rarement observé.
Ses discours sont minutieusement scénarisés, son protocole est rigide et il accorde rarement des interviews – la dernière, consentie à un journaliste local, remonte à 2002. Il ne s’adresse à la nation que trois fois par an et ne donne aux Camerounais l’occasion d’apercevoir leur président que lors des célébrations de la fête nationale ou lorsqu’il part pour l’un de ses nombreux séjours à l’étranger – habitude qui lui vaut le surnom de “propriétaire absent”. Comme le disait [le chroniqueur politique américain] Fareed Zakaria à propos de feu la reine Élisabeth II, Paul Biya est tout simplement ennuyeux. Cependant, contrairement à la reine, qui “est restée ennuyeuse dans l’intérêt du Royaume-Uni”, la fadeur apparente de Biya ne sert que ses propres intérêts.
Biya a été surnommé l’“homme-lion”, le “Sphinx”, érigé en Jésus-Christ, présenté comme le père de la nation, comme une énigme, ou encore le Maradona de la politique camerounaise – mais aucune de ces épithètes ne semble réellement saisir le fond de sa personnalité. Contrairement à d’autres dirigeants africains en place depuis longtemps, tels [le président du Rwanda] Paul Kagame [au pouvoir depuis vingt-cinq
Courrier International